Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler des opportunités que peut nous apporter la période actuelle. Et, oui, j’ai envie d’envisager les moments de crise que nous vivons tous d’un point de vue constructif. Et il est, à mon avis, tout à fait possible de voir des points positifs dans ces temps mouvementés. Cela peut paraître curieux de parler d’opportunité dans un moment de notre vie sociale tellement réductrice dans de nombreux domaines. Difficulté voire impossibilité de travailler ; restriction, parfois même arrêt des relations sociales ; limitation, voire interdiction des déplacements ; réduction des espaces de loisirs, des temps de sports, des moments culturels etc. Bref, chaque mesure sanitaire bouscule nos habitudes, nous empêche de vivre comme on le voudrait. Tout depuis près d’un an semble réduire peu à peu nos libertés.
Que signifie le mot opportunité ? Selon le dictionnaire, une opportunité est une « occasion ou circonstance favorable ». Le mot qualifie le « caractère de ce qui vient à propos, de ce qui est opportun, favorable, propice ». Je suis certaine qu’individuellement, cette période peut être propice. Propice à quoi ? A mettre en place certains enseignements du yoga. Puisque nous sommes bousculés dans nos modes de fonctionnement, pourquoi ne pas en profiter pour faire évoluer ces modes de fonctionnement, ces habitudes ?
Vous aviez l’habitude de planifier votre emploi du temps sur un moyen terme ? Cela n’est plus possible du fait des changements incessants de directives ? Vous aimiez voyager à l’autre bout du monde à chaque vacances ? Et vous ne le pouvez plus du fait des limitations des déplacements dans beaucoup de pays ? Vous ne pouvez plus voir vos amis comme vous le voulez ? Vous ne savez pas comment agir au quotidien face à un virus qui vous inquiète ?
Comment faire pour vivre tout ceci sans colère, sans tristesse, sans peur, sans sentiment d’injustice ? Selon le yoga, Les émotions, sont les principales causes de nos souffrances et, en ce moment, elles prennent force et ampleur. La colère de voir notre avenir bloqué, nos projets empêchés, notre vie quotidienne difficile peut prendre toute la place, au détriment de notre santé mentale. L’anxiété, l’angoisse par rapport à la Covid et aux perspectives futures peuvent nous faire vivre dans une restriction psychique dommageable.
Le yoga ne nous dit pas de vivre sans émotions, puisque c’est la marque de notre humanité. Il nous propose d’arriver à mieux les gérer, c’est-à-dire à ne pas à ne pas les laisser guider toutes nos pensées et tous nos actes.
Comment faire ? Le yoga nous invite à regarder, à étudier. Par exemple, nous pouvons observer ce que chaque intervention du gouvernement entraîne dans notre système, quelles émotions elle fait jaillir… Observer, regarder les émotions qui naissent en nous. La reconnaissance de nos émotions est le premier pas sur le chemin de leur apprivoisement. Dans un premier temps, reconnaître, observer. Pour pouvoir se mettre à distance dans un deuxième temps. Et regarder passer des émotions de moins en moins importantes et envahissantes.
Comment mettre à profit les changements qu’entraîne la période actuelle ? Les changements sont répertoriés comme une grande cause de souffrance par les yoga sûtra (YS II 15). Fondamentalement, l’esprit humain n’aime pas le changement, c’est pourquoi il est si difficile de modifier nos habitudes, même quand elles nous font du mal. Actuellement, nous devons revisiter bon nombre de nos habitudes. L’opportunité est d’essayer de voir le bon côté de ces changements. Par exemple, rester le soir chez soi durant le week-end peut être mis à profit pour se reposer. Ne plus voyager autant et aussi loin est l’occasion de découvrir la France, l’occasion aussi de ne plus polluer autant en prenant des avions trop souvent.
Mais, on le sait, les modes de fonctionnement les plus difficiles à faire évoluer ce sont nos conditionnements mentaux. Ainsi, les changements extérieurs imposés par la situation actuelle peuvent nous aider à faire évoluer notre mode de réaction. Ainsi, ces derniers temps, lorsque j’entends tous les bruits courir autour d’un troisième confinement, je me dit : « au lieu de te crisper, de te braquer contre cette éventualité, essaye d’en voir les bons côtés. Puis, essaye de l’accueillir avec joie ». Un bel exercice de méditation au quotidien, qui a eu pour résultat : un quotidien mieux vécu, un meilleur contact avec le présent, moins de tensions corporelles et mentales. De plus, en m’exerçant de la sorte depuis des mois et des mois, les changements extérieurs ne me déstabilisent plus autant. Je les vois comme une vague sur l’océan, inhérents à la vie.
Ainsi, ne plus vivre dans des projections futures incessantes peut être le moyen d’enfin vivre au présent. Ce temps si difficile à attraper. Le seul pourtant qui nous fait vivre dans le réel, passé et futur n’étant que des chimères.
Est-ce que tout ceci est de la résignation ? Est-ce que cette attitude ne va pas amener à tout accepter… même l’inacceptable ? Est-ce qu’une bonne colère n’est pas nécessaire pour faire bouger les choses ? Je ne le pense pas. Gandhi a réussi à faire sortir les Anglais d’Inde sans colère. Selon les textes indiens, la colère est un des pires de nos 6 ennemis. Elle mange le présent, elle grignote notre système tout entier. Et, comme toutes nos émotions négatives, elle nous amène à agir sans justesse. Elle entraîne de la souffrance pour nous et les autres.
La méditation permet concrètement de porter notre mental sur un autre support que celui de la crise actuelle, de ce qui va mal, de ce qui risque d’aller encore plus mal. Pour lui permettre de se ressourcer, de se reposer, de change de préoccupation et… à terme… pour l’amener à mieux gérer le quotidien.