La Taittirīya Upaniṣad est une des plus anciennes Upaniṣad majeures, écrite entre 600 et 500 ans avant notre ère. Pour la première fois dans la littérature spirituelle, cette Upaniṣad explique la théorie des cinq enveloppes subtiles, les kośa. Elle présente l’incroyable complexité du système humain comme 5 oiseaux en vol, chacun composés de 5 parties, soit 25 composantes ayant entre elles des relations subtiles.
- Annamayakośa ou l’enveloppe composée de nourriture, équivalente au corps physique
- Prāṇamayakośa ou l’enveloppe fait de vitalité qui anime le corps physique et concerne l’aspect physiologique
- Manomayakośa ou l’enveloppe composée de pensées et d’émotions constituant l’aspect psychologique
- Vijñānamayakośa ou l’enveloppe faite d’intelligence, celle de l’éveil, du discernement. On parle de l’enveloppe de personnalité profonde
- Anandamayakośa ou l’enveloppe faite de félicité et de joie
Dans cette Upaniṣad, śraddhā – la confiance, la foi – se situe au niveau de vijñānamayakośa, l’enveloppe correspondant à nos aspirations intimes, à notre inscription particulière dans le monde. C’est cette enveloppe qui se révèle lorsque nous mettons nos pieds dans nos traces, lorsque nous sommes sur le bon chemin.
Comme les quatre autres kośa, l’oiseau de vijñānamayakośa est en nous, il n’est pas à chercher à l’extérieur. Cet oiseau s’exprime lorsque nous permettons à notre « je » intime de vivre ses vérités, la vérité vue et la vérité exprimée qui composent ses ailes. La queue de vijñānamayakośa, c’est mahat, notre empreinte dans le monde, qui donne à notre chemin sa couleur particulière. Son corps, c’est le yoga, l’union : à ce niveau, tout est relié. Et la tête, c’est śraddhā. Elle donne la direction, elle entraîne vers l’avant.
La Taittiriya parle de notre constitution : śraddhā est en nous comme nos autres organes. C’est notre enveloppe de pensées (manomayakośa), notre éducation, notre culture… qui nous font croire que nous manquons de confiance, qui nous font douter. Au niveau de vijñānamayakośa, la confiance est pleine et entière. Śraddhā ne vient pas de l’éducation, ni de l’expérience, mais de quelque chose de plus profond. Il y a une conviction et l’action jaillit, sans être ni vertueuse, ni mauvaise : quand on est dans la réalité intime, il n’y a pas de dualité.
Dans la Taittiriya, śraddhā, c’est la confiance qui déplace les montagnes, qui brûle nos klesa, les causes de souffrance décrites dans les yoga sûtra : la peur, l’attachement excessif, la haine, la mauvaise estimation de l’ego et l’ignorance. Quand śraddhā est présente, on a la vision de la vérité exprimée (satyam) et de la vérité perçue (rtam). Dans ce cas, il n’y a pas moi et mon. On travaille pour le tout.