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Le mental nous met toujours en attente de résultats. Nous agissons constamment comme si nous devions atteindre un résultat. Si le résultat n’est pas ce lui escompté, les réactions arrivent : déception, colère, culpabilité, énervement etc. Bref des « vritti », des mouvements dans notre mental.

Aussi, même un temps de méditation peut amener à ce type de réactions : méditer est une action et, souvent, sans même nous en rendre compte, nous méditons avec une attente : être plus calme, ne plus avoir de pensées, arriver à ne pas se laisser embarquer par ses pensées, maîtriser le mouvement du mental, sortir de la méditation dans un état meilleur qu’en y entrant etc.

Cette attitude d’attente est celle que nous avons dans la plupart de nos actions. Ce qui met de la tension dans l’action et, souvent, après l’action si le résultat attendu n’est pas au rendez-vous. Durant la méditation, l’action est celle de ramener le mental, de le mettre et de le garder dans un état de concentration. Qui a dit que nous devions y arriver à chaque fois ? et pour longtemps ? Personne. Et pour autant, nous nous agaçons quand nous n’arrivons pas à nous concentrer plus de quelques secondes. Ce qui nous éloigne encore plus de la diminution de nos fluctuations mentales. Et surtout, c’est ne rien changer dans notre mode de fonctionnement habituel, celui qui amène beaucoup de stress.

Agir sans attente, c’est une des clés de la paix. Elle est développée plusieurs fois dans yoga sûtra : YS I 23, II 1, II 32, II 45. Agir sans que le mental interfère dans l’action. Juste agir. C’est que la Bhagavad Gîta appelle « l’action sans action ». Poser une intention, aller dans une direction. Puis agir, juste agir. En étant dégagé d’attente. Concentré sur l’action. C’est ce que l’on peut faire en pratique posturale : faire des gestes, les relier au souffle. Être là, juste là. Dans cette action. Sans laisser le mental interférer.

C’est ce que l’on peut faire dans les techniques de souffle, c’est ce que l’on peut faire en méditation. Observer, essayer de se concentrer. Observer que c’est plus ou moins facile ou difficile. Et continuer. Juste faire.

C’est ce que l’on peut faire aussi dans ses actions de tous les jours. Faire son travail du mieux possible, centré sur la tâche. Pas sur ce que cela peut avoir comme résultats. Sans attente de retour particulier. Sans chercher à atteindre un but. L’intention est présente, elle donne une direction. Mais, pendant l’action, le mental est dans l’action. L’intention ne se glisse pas entre l’acteur et l’action.