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Le kriyā yoga, c’est le yoga de l’action. Présenté dans le 2ème chapitre des Yoga-sūtra  de Patañjali, il invite tout pratiquant à vivre le yoga ici et maintenant, dans le monde occidental du XXIème siècle.

D’entrée de jeu, Patañjali informe l’adepte du yoga : pratiquer, c’est plus que faire des postures. Etre yogi, c’est observer une discipline de vie, une certaine ascèse (tapas). Car la pratique, si elle agit au niveau physique, influe aussi l’individu dans sa globalité. C’est ce qu’a vécu Marion qui, à la suite de sa première pratique de yoga, a complètement cessé de fumer, sans effort, ni tension. La question qui se pose aux occidentaux est celle d’arriver à concilier vie contemporaine trépidante et discipline de vie. Une discipline permettant de se purifier, d’éliminer les facteurs négatifs de la vie pour atteindre une bonne santé physique et psychique. A cette question, le kriyā yoga apporte une réponse simple : la pratique persévérante. C’est par elle que l’on peut parvenir à plus de bien-être physique et psychique.

Le kriyā yoga ne s’arrête pas là. Il propose de partir à la recherche de soi-même au travers des textes sacrés (les Yoga-sūtra, les Sāmkhya Kārikā  etc.). Ces textes engagent une réflexion sur l’intériorité, sur le « qui suis-je ». Chanter, lire, réciter écouter les textes de la tradition indienne, est-ce possible dans le monde occidental actuel ? Oui car, bien qu’imprégnés d’une autre culture, ces textes ont une résonance universelle. Pour Jean, pratiquant de yoga depuis quelques années, c’est la lecture des Yoga-sūtra qui lui a permis de redécouvrir un texte fondamental de sa culture : la Bible. Comme si tous les grands écrits inspirés trouvaient leur source dans le même lieu et faisaient référence aux mêmes idéaux.

Le troisième enseignement du kriyā yoga est celui qui, dans notre monde occidental, peut paraître le plus difficile à atteindre. C’est le fameux īsvara-praṇidhānāni ou détachement des résultats des actions. Pataňjali demande d’offrir les actes à une force supérieure et de ne pas attendre de résultats des actions effectuées. L’offrande, l’abandon allègent l’homme, qui se libère, puisque l’inquiétude disparaît. Anne travaille en tant que formatrice auprès de jeunes apprentis. Beaucoup de ses collègues sont accrochés aux résultats des examens et vivent chaque fin d’année scolaire comme si eux-mêmes passaient un diplôme. En cas de réussite des apprentis, c’est la joie. En cas d’échec, ils dépriment. Or, en se détachant des fruits de ses actes, l’homme n’est plus tributaire des succès ou échecs venant de l’extérieur. Sa vie n’est plus ballottée sur une mer agitée, dirigée par les résultats positifs ou négatifs de ses actions. Isvara-praṇidhānāni, c’est le moyen de vivre en eaux calmes. Offrir ses actions à une force supérieure, voilà un enseignement qui demande aux occidentaux une remise en question profonde de leurs références habituelles, un virage à 90° par rapport à leur éducation et leur culture.

On le voit, le kriyā yoga propose un véritable chemin de vie, chemin de vie que l’on peut parfaitement adapter à nos latitudes, avec à la clé un changement intérieur profond et durable.