Le yoga, comme toute voie spirituelle, est une voie de simplification. Comme il est dit dans le texte des yoga sūtra (au chapitre IV, aphorismes 2 et 3), tout est déjà là. Il ne s’agit pas d’aller chercher quelque chose à l’extérieur. Pour grandir, pour évoluer, il suffit juste de retirer les obstacles qui empêchent, qui bloquent. Nous passons notre temps à nous comparer, à vouloir être comme l’autre, à ne pas voir qui nous sommes pour essayer de ressembler à autre chose que nous. Même dans la voie du yoga, nous cherchons à ressembler à tel personnage, à telle personne. Nous confondons prendre modèle est essayer de ressembler à. Quand j’admire un personnage comme Gandhi, c’est une bonne chose si son action, son aura me guident, me servent de support. C’est destructeur si je me compare et cherche à être comme lui. Du coup, je me trouve nulle. Du coup, je ne peux voir qui je suis. En fait, je pars d’un modèle extérieur pour essayer de me construire.
Le yoga nous dit que nous avons en nous toutes les possibilités d’évolution. Que tous, nous pouvons arriver à évoluer. Le yoga nous dit que, comme un gland de chêne contient toutes les caractéristiques du futur arbre, nous possédons en nous toutes les possibilités de l’être humain. Tout être humain a en lui toutes les potentialités. Toutes. Si ces potentialités ne se développent pas, c’est parce que nous sommes persuadés du contraire : nous cherchons à compléter, à trouver autre chose. Nous rajoutons au lieu d’enlever.
Nous complexifions.
La simplicité du yoga est de nous dire : ne cherchez pas à tout comprendre, ne cherchez pas à tout maîtriser, ne cherchez pas à changer. Cherchez juste à prendre contact avec ce qui est et à vous couler dans le courant de la vie. C’est ainsi que vous pourrez toucher du doigt votre nature profonde. Elle est là, tout le temps là. Elle attend que votre regard se porte sur elle et non sur ce qui manque.
Tous les grands yogis et les grands éveillés le disent : soyez qui vous êtes vraiment. Et ce que vous êtes est simple. Vous êtes le monde, la terre, le ciel, toutes les potentialités puisque vous êtes l’Absolu.
Or, nous nous mettons constamment en contact avec le relatif. Toujours. Ce n’est pas grave. Cela le devient rapidement car nous nous assimilons à ce relatif limité. J’ai un exemple : une de mes élèves travaille avec une femme qui, au début de la crise Covid, lors du premier confinement, a commencé à noter dans un tableau Excel tous les chiffres des contaminés, malades, morts etc. Elle continue toujours. Elle ne vit qu’au travers de ça. Elle n’existe plus que par rapport à ça. Tout ceci l’empêche de voir le reste, diminue son espace et son champ d’expériences. Tout ceci rend la vie compliquée.
Cet exemple est extrême et, en l’écoutant, vous vous dites : oulala, là c’est grave ! Mais comment agissez-vous ? De la même manière. En vous focalisant à longueur de journée sur des relativités auxquelles vous finissez par vous identifier. Simplifier, c’est vivre ce qui doit être vécu, sans en rajouter. En simplifiant, en éliminant, en déstockant, en retirant, en allégeant, en enlevant… nous avons une chance de laisser vivre ce que nous sommes vraiment.
Des êtres infinis et éternels.