Le changement, nommé parināma en yoga, c’est tout d’abord, celui du mouvement de la vie. Tout bouge, tout change, tout se transforme, tout le temps. Chaque seconde, chaque micro seconde est différente de la précédente. Et ce changement permanent des choses est considéré par la philosophie yogique, comme une des grandes causes de souffrance chez l’être humain (voir le yoga sûtra II 15).
La vie n’est que mouvement est cela nous fait souffrir : nous vivons un instant de bonheur en regardant un coucher de soleil ou en partageant une soirée avec la personne dont on est amoureux. Ou bien au cours d’une méditation où nous avons été en contact avec le centre de notre être profond… Et nous aimerions que ce sentiment perdure… En vain. Et cela nous attriste, nous énerve, nous cherchons à retrouver cet état vécu et passé. En vain, car tout passe, tout change, tout bouge tout le temps. Les sentiments de rejet, colère, tristesse, mélancolie, regret etc. accompagnent souvent ce refus du changement permanent des choses et apportent beaucoup de souffrance, de tiraillement dans le système. Chaque fois que nous éprouvons ces sentiments, nous sommes dans l’espace restreint, confiné de la souffrance.
Aujourd’hui, nous vivons une situation plus qu’exceptionnelle, un raz de marée qui bouscule toutes nos existences. Aujourd’hui, aucun français n’est épargné. Pas un seul ne vit comme « avant » le confinement. Toutes nos vies sont chamboulées. Et nous devons tous réajuster nos comportements, revoir nos habitudes. Au niveau professionnel, au niveau personnel, au niveau social…
Le yoga nous invite à prendre conscience. En premier lieu, prenons conscience des effets de ces changements sur nous. Observons combien il est difficile de ne plus pouvoir sortir de chez soi librement, comment le système se braque, s’énerve. Ou observons combien il est difficile de devoir partager un même espace durant de longues semaines et sans être en vacances, sans l’avoir choisi. Observons la crispation de nos systèmes face à ces chamboulements. Observons l’exacerbation de nos ressentis, de nos émotions. Observons pour voir, accepter et agir.