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Nous le savons, tout est changement en ce bas monde. Chaque micro instant est différent du précédent. Et ce changement permanent des choses, cette impermanence, comme le disent les bouddhistes, est une des principales causes de souffrance humaine. Notre système s’accroche à ce qui est, et a du mal, très souvent, à accepter le changement, même s’il est positif. Anatole France disait : « Tous les changements, même les plus souhaités ont leur mélancolie, car ce que nous quittons, c’est une partie de nous-mêmes ; il faut mourir à une vie pour entrer dans une autre. » De manière générale, une situation de changement apporte son lot d’émotions, de résistance, de refus, de blocage, de crispations… « La vie est une succession de changements naturels. Ne résistez pas car cela ne générera que des soucis. Laissez la réalité être la réalité. Laissez faire naturellement les choses. » disait Lao-Tseu.

Pour mieux accepter les changements incessants de la vie, pour nous aider à mieux suivre le courant tumultueux de la vie, le yoga nous invite à… changer. Changer quoi ? Notre matière mentale, notre fonctionnement mental, notre manière d’aborder la vie, de la recevoir, notre façon de réagir ou d’agir face à ce qui se présente à nous.

En yoga, de manière générale, il s’agit de passer de dukha à suhkha : en sanskrit, dukha est le mot qui signifie souffrance. Étymologiquement, dukha veut dire « espace (kha) restreint (du) », « espace réduit, contraint ». Dès que quelque chose se crispe en nous, se resserre, nous sommes dans dukha. A l’inverse, sukha se traduit par bonheur. L’espace (kha) est spacieux, confortable (su). Le changement proposé par le yoga, c’est de passer d’un espace restreint, réduit, confiné, à un espace ouvert, large, confortable. De dukha à sukha. Qui ne voudrait pas de ce chemin ? Un chemin qui ouvre, qui donne de l’espace et de la lumière. Qui nous fait passer du resserrement intérieur à l’ouverture du cœur.

En yoga, de manière générale, il s’agit de passer de avidya, l’état de méconnaissance à prajna, la connaissance. Nous ne parlons pas ici d’une accumulation de savoir, mais d’une connaissance de la vie telle qu’elle est. Une connaissance profonde de ce qu’est le monde, de ce que nous sommes au fond de nous. Notre méconnaissance est de la confusion : nous nous confondons avec notre corps, avec notre travail, avec les différents rôles que nous endossons chaque jour. Le yoga nous propose de passer de l’identification à tous ces rôles, à la connaissance de notre identité profonde, de qui nous sommes vraiment. Toujours cette idée de clarifier notre regard, de faire preuve de plus en plus de discernement pour voir les choses telles qu’elles sont, et non pas tel que le projette notre mental, tel que nos émotions les dessinent.

Les résultats, les effets de ce regard clairvoyant sont tout à fait alléchants :

  • Moins d’émotions négatives,
  • Une perception plus fine des choses et, de ce fait, des actions plus justes, moins suivies de souffrance
  • Un corps et un esprit purifiés
  • De la bonne humeur
  • Une meilleure connaissance de soi et des autres
  • Etc.

Alors, pourquoi -souvent – rechignons nous à poursuivre le chemin ? Pourquoi commençons-nous et arrêtons bien souvent de marcher sur le chemin de la transformation. Parce le système ne veut pas changer. Il reste accrocher à ses modes de fonctionnement, même si ces modes sont cause de beaucoup de souffrance. Le yoga le dit bien, il va y avoir des obstacles, des résistances sur ce chemin. C’est pourquoi, il nous conseille la persévérance.

Mais le yoga est une discipline très optimiste. Il nous dit que, jusqu’au dernier moment, nous avons la possibilité de changer notre regard, car tout est en nous. Il suffit d’enlever ce qui doit être enlevé, de nettoyer ce qui doit être nettoyé, de clarifier ce qui doit être clarifié. Il n’y a rien à aller chercher, il faut juste nettoyer, enlever ce qui nous encombre et opacifie notre vue. Nous avons en nous tout le potentiel pour évoluer, aller vers moins de souffrance, plus de paix.