Le Yoga-sūtra
Le Yoga-sūtra (ou Yogasūtra) est une œuvre compilée par Patañjali entre 200 avant J-C et 500 après J-C. La rédaction du Yoga-sūtra semblant s’échelonner sur plusieurs siècles, on considère parfois que Patañjali est le nom d’auteurs différents (certains parlent d’une lignée de 14 Patañjali).
Le texte comprend 195 sūtra – brefs aphorismes destinés à être facilement mémorisés -, répartis en quatre pāda (chapitres) :
- Samādhi-pāda : ce chapitre décrit le yoga et son but, l’état de samādhi, état bienheureux où le yogin est absorbé dans l’unité.
- Sādhana-pāda : sādhana signifie « pratique d’une discipline spirituelle ». Cette section explique le double enjeu du yoga : atténuer la souffrance et découvrir notre vraie nature. Patañjali y décrit le kriyā yoga, le yoga de l’action, et l’aṣṭāṅga yoga, le yoga à huit branches.
- Vibhūti-pāda : vibhūti signifie « pouvoir » ou « manifestation ». Ce chapitre décrit des états supérieurs de conscience et les techniques de yoga pour les atteindre. Ces pouvoirs peuvent être un obstacle sur la voie de la libération.
- Kaivalya-pāda : kaivalya signifie ici « émancipation, libération » et correspond au but du yoga. Ce pāda explique l’état de liberté absolue, où le yogin est Un.
Le Yoga-sūtra a codifié le yoga. Son influence sur la philosophie et sur la pratique du yoga est aussi forte aujourd’hui que lorsqu’il a été écrit.
Les Sāmkhya Kārikā
Dans la philosophie indienne, il existe six darśana (points de vue) principaux. Le yoga est un de ceux-là. Il est associé à la philosophie du Sᾱṃkhya, système de pensée dont la première rédaction (le Rig-veda) a été réalisée entre 1500 et 900 avant J-C. La philosophie du Sᾱṃkhya propose une découverte de nous-même afin de nous libérer de la souffrance. La tradition rapporte que le fondateur de cette doctrine est le sage Kapila.
Le texte des Sāmkhya Kārikā, décrivant le système du Sᾱṃkhya, a été rédigé au 4ème ou 5ème siècle par Īśvarakṛṣṇa, un des successeurs de Kapila. Il se compose de 72 strophes et se présente lui-même comme le résumé d’un texte, aujourd’hui perdu, le Ṣaṣṭitantra. Les Sāmkhya Kārikā dénombrent et définissent 25 principes subtils et grossiers qui constituent la manifestation dans son ensemble. L’objectif est d’enseigner la Connaissance juste afin de détruire la souffrance existentielle et de libérer la Conscience par un processus de discernement.
On considère que les Sāmkhya Kārikā représentent la partie théorique et les Yoga-sūtra la partie pratique du même darśana.
La Bhagavad Gītā
La Bhagavad Gītā est un épisode du Mahᾱbhᾱrata, épopée sanskrite de la mythologie indienne comportant 81.936 strophes (śloka) réparties en 18 livres et 250 000 vers — quinze fois plus que l’Iliade. Le Mahᾱbhᾱrata est considéré comme le plus grand poème jamais composé. Selon la légende, il fut dicté à Ganesh par le sage Vyāsa. En réalité on ne sait s’il s’agit d’une œuvre collective, modifiée au fil des siècles (4ème siècle avant J-C – 4ème siècle après J-C), ou celle d’un unique poète. La toile de fond du Mahᾱbhᾱrata est la rivalité entre deux dynasties cousines : les Pandava et les Kaurava.
En tant qu’épisode du Mahᾱbhᾱrata, la Bhagavad Gītā (« Le chant du Bienheureux ») fait partie des textes de la tradition, beaucoup plus populaires que les textes révélés, dévolus aux hautes castes ou aux cercles d’initiés. C’est un traité de la Voie de l’Action que l’on pourrait rapprocher des traités de chevalerie du Moyen Âge, et qui montre que la connaissance doit précéder toute action car, sans elle, l’action ne serait que vaine agitation. La Bhagavad Gītā fut le socle de la pensée de Gandhi.
L’essentiel de la Bhagavad Gītā se compose d’un dialogue entre Arjuna, le guerrier à la tête des Pandava, et son cocher Kṛṣṇa. Tout au long des 18 chapitres, Kṛṣṇa va conduit Arjuna pas à pas sur la voie du yoga.