Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler du son Oṃ.
Dans le texte des Yoga sûtra, Pataňjali ne cite pas le son Oṃ, il parle de praṇava. La racine nav signifie « chanter les louanges ». Ces louanges, on les chante en Inde avant toute récitation de texte sacré. Praṇava se traduit donc par symbole de l’Absolu, mantra sacré, formule mystique, louange du divin, épanouissement du divin, son sacré. Et dans le texte des Yoga sûtra, Pataňjali nous dit que ce « pranava », cette syllabe sacrée représente Iśvara, le Seigneur, le Principe spirituel, le Tout-puissant, le Divin.
Tout d’abord, pourquoi ne pas citer le son Oṃ ? Ce son Om est considéré dans des textes anciens comme étant trop sacré pour être écrit. Mais l’expression « syllabe sacrée » est assez précise pour nommer le Principe spirituel sans équivoque. Mais elle assez large pour permettre à chaque courant spirituel de le désigner selon son vocabulaire. La prudence de Patanjali favorise l’universalité de son approche. Pour un étudiant de Veda, le terme « syllabe sacrée » signifie de manière certaine Oṃ, le nom commun désignant Dieu pour tous les courants religieux s’inspirant du Véda.
Que représente ce son ? Il représente le son universel. Il est le plus universel des mantras. Un mantra est une parole prononcée par Dieu et entendue par un sage. Répétée continuellement, elle vise à éveiller la conscience spirituelle. La pratique du yoga est étroitement liée à la récitation de mantra. C’est ce qui dit Vyāsa : « par la répétition contemplative des mantra, le yoga sera consolidé et, par le yoga, le chant des mantra est amélioré. Par la gloire d’un tel chant et d’un tel yoga, l’âme est révélée »
Pourquoi Pataňjali nous parle-t-il de ce son, de ce mantra ? Pataňjali nous invite à répéter ce son avec une grande attention et en se laissant imprégner du sens de ce qui est formulé. Il ne s’agit pas de répéter de manière mécanique, sans attention. Nous devons l’expérimenter nous-mêmes. Patanjali ne recommande pas la répétition bête et mécanique des mantras. On répète le Nom avec la connaissance du sens, c’est-à-dire l’être. Ainsi, se réalise l’essence d’Iśvara en nous, ainsi nous pouvons accéder à sa puissance, à son omniscience. Car Iśvara est un principe de conscience particulier, qui ne connaît pas la souffrance, ni les résultats enfermant de nos actions, les fameux samskara qui nous enchaînent. Īsvara est un point de référence pour aider l’individu à atteindre la libération de la souffrance. La vibration d’un tel mantra active La compréhension véritable, au-delà du mental et de ses aléas.
Et, cerise sur le gâteau, répéter le son Om, ou tout mantra qui représente le Sacré, va permettre de révéler notre conscience intérieure et d’atténuer les obstacles. Se connecter à une force supérieure, vivre en lien avec un Principe spirituel, c’est ce que Pataňjali appelle Iśvarapranidhāna, l’abandon à plus haut que soi. Cette attitude ne demande que de s’abandonner. Pour sortir de notre envie de tout maîtriser. Pas forcément facile d’y accéder pour nous occidentaux… Mais tendre à cet abandon juste par moment, en récitant un mantra, en répétant un son qui nous met en lien avec une Force au-delà du mental, voilà un moyen efficace et facile de débrancher notre mental. Pour que les montagnes russes de nos émotions arrêtent de guider notre vie.