Intellectuellement, nous pouvons assez bien comprendre l’idée d’acceptation comme voie de libération. J’accepte qui je suis et, de ce fait, je vais moins souffrir de ce que je considère comme des manques, des erreurs, des malfaçons, des fonctionnements erronés etc. Je comprends bien que si j’accepte mon travail, ma situation, mes amis, ma famille, ma vie en général… tout sera plus fluide.
Mais… comment faire ? Comment arriver à s’accepter ? Comment aussi ne pas se leurrer soi-même en pensant être dans l’acceptation, alors qu’on est, par exemple, dans le déni. De plus, comment ne pas tromper sur ce que l’on accepte.
Dans mon dernier article, j’ai développé l’idée que, avant d’essayer d’accepter, il faut être clair sur ce qu’on accepte. Donc, tout d’abord, voir ce qui est tel que cela est. Et c’est loin d’être évident. S’observer, observer les situations, observer ce qui est pour, peu à peu, affiner sa perception. Mettre un éclairage sur ce qui est, voir avec clarté, discerner.
Une fois que l’on voit ce qui est, on peut essayer d’accepter ce qui est. Dans notre monde matérialiste, l’acceptation passe souvent pour de la résignation, en tout cas, on lui en donne souvent ce sens. Accepter, c’est être passif devant les évènements. Or, l’acceptation est tout le contraire. C’est une attitude on ne peut plus active. Etymologiquement, le verbe accepter vient du latin acceptare qui signifie « recevoir, accueillir ». J’aime cette idée d’accueillir. Accueillir, cueillir. Comme un cadeau.
Voir et puis, prendre en soi. Voir ce que je suis et le prendre, l’intégrer. Sans restriction. Or, bien souvent, soit nous ne voyons pas ou mal. Soit, lorsque nous voyons ce qui est, nous nous débattons. Nous refusons. Notre mental pense qu’en acceptant, il va perdre. Cette semaine, une de mes anciennes élèves s’est encore braquée contre ce qui est. Elle a 53 ans et des soucis musculo squelettiques depuis longtemps. Cela fait 10 ans que je la vois à mes cours de groupe aves des soucis parfois d’épaules, puis de lombaires, puis de milieu du dos, puis de jambes etc. Elle travaille beaucoup, toujours en tension. A frôle plusieurs fois des états proches du burn out. Depuis 6 mois, elle souffre de plus en plus du bas du dos. Et sans cesse. Les examens ont montré un souci ennuyeux. Elle voit bien la situation. Mais elle n’accepte pas le fait que, là, il va falloir qu’elle prenne ce souci à bras le corps. Car elle pense que, si elle accepte, le problème va gagner, qu’elle ne pourra plus faire comme avant. Je ne lui jette pas la pierre. C’est juste un exemple de ce mental qui se braque. Alors qu’accepter lui permettrait de mettre en place des choses constructives pour aller mieux.
Pour notre système mental, accepter, c’est perdre. Perdre une certaine identité. Notre ego, que le système du Samkhyâ nomme ahamkara nous joue bien des tours en s’accrochant à une projection, une idée de ce qu’il est. En figeant ce qu’il est.
Pour notre système mental, accepter, c’est lâcher ce qui est habituel, ce que les yoga sûtra nomment les samskara.
Accepter, c’est ouvrir la porte à l’inconnu. Ce qui peut effrayer le système. Mais qui ouvre d’autres possibles