Le souffle, c’est ce qui nous permet d’être en vie, animé. La vie présente en chacun de nous se nomme prāṇa dans le contexte du yoga.
Un corps sans souffle, c’est un corps mort, un cadavre. La vie se manifeste en nous lors de notre premier souffle, elle nous quitte lors d’un dernier souffle. Le souffle, c’est l’énergie qui nous anime. Cette énergie s’appelle prāna en sanskrit. Prāna veut dire force de vie, substance universelle, principe vital, force infinie, vigueur, énergie. La signification de ce nom composé est complexe car elle intègre simultanément les notions de principe vital du souffle, ainsi que de sa manifestation organique dans la respiration. Prāṇ veut dire respirer, vivre, souffler. Prāṇa, c’est donc à la fois l’énergie qui nous anime et la respiration.
Prāṇa imprègne tous nos systèmes grossiers, il active chacun d’entre eux et il est responsable de toutes nos activités physiques, physiologiques et psychologiques. Prāṇa est le substrat de vie présent à chaque instant dans l’univers à tous les niveaux. Il est l’axe de la roue de la vie, l’énergie qui crée, qui maintient.
Cette idée se retrouve dans toutes les cultures : dans toutes les grandes traditions, le souffle comporte un sens identique. Cette énergie essentielle détient autant de noms que le nombre de civilisations :
- Les peuples de Polynésie l’appelaient Mana, l’émanation de la puissance spirituelle.
- Chez les Amérindiens, dans la tradition chamanique, il est nommé l’Orenda, l’Espace sacré.
- Dans les cultures islamiques, c’est Barakah, la véritable bénédiction de la part d’un Tout.
- L’alchimiste Paracelse l’entendait par Orheus (l’or). En Chine, le Tao l’appelle Qi.
- Au moment ou Yahvé crée l’homme (le Seigneur dans l’Ancien Testament), c’est à nouveau par la force de son souffle, sa « ru’ah », qu’il insuffle la vie dans la narine de sa créature. Et l’homme, jusque-là inerte, s’anime soudain d’une âme vivante, « nephech ».
Cette idée se retrouve aussi chez les scientifiques du XXème siècle : le prāṇa a été profondément étudié par des scientifiques du XXème siècle, considéré comme à la base de tout ce qui existe dans l’Univers.
- Du point de vue de la physique quantique, cette force représente l’énergie du vacuum. « Tout est énergie », disait Albert Einstein.
- Newton voyait le prāṇa comme une essence. Il a défini cette énergie primordiale et causale comme une certaine substance qui pénètre tous les espaces et qui régule toute relation entre les corps, et, de ce fait, tous les mouvements de tout ce qui existe dans l’univers.
- Selon certains chercheurs, la nature de prāṇa possède une énergie d’ordre électromagnétique. La manifestation de ces champs d’énergie a été photographiée en 1939 à l’aide d’un procédé particulier.
Le corps d’énergie est notre vrai corps : selon le yoga, une partie de notre constitution n’est faite que de Prāna, on l’appelle prānamaya, notre enveloppe d’énergie. On peut seulement sentir les manifestations de prānamaya, mais on ne peut pas le voir. Toutes les activités sont faites grâce à Prāna, sont des manifestations de Prāna. Par exemple, quand je lève un bras, c’est Prᾱna qui est à l’origine du mouvement : il agit sur mon mental qui commande et sur tous les muscles nécessaires à la levée du bras. Ainsi, on considère en yoga que le corps physique n’est qu’une ombre. Ce qui entre et sort de ce corps est notre nature essentielle. Nous sommes le souffle, nous sommes la respiration. Chaque individu est en essence prānā. Le corps visible et tangible n’est rien d’autre que sa transformation
En résumé, le prāṇa est le souffle vital de tous les êtres dans l’univers. La naissance est le fait de l’incarnation du souffle cosmique dans un individu, l’existence est la manifestation multiforme du souffle vital, et la mort est le retour du souffle individuel au souffle cosmique.
Le premier but du yoga n’est pas de faire de belles postures, même si le travail corporel est important à de nombreux points de vue : Alain Daniélou disait « Le premier but de la méthode du yoga est le contrôle des énergies vitales, ou prāṇa» (Méthode de réintégration (pages 21et 30). Nous l’avons vu : nous ne vivons que grâce à Prāna et ce Prāna doit être réactivé à chaque instant. Nous n’avons pas une réserve de Prᾱna dans laquelle nous pouvons piocher. On peut se passer de nourriture de 30 à 45 jours, de la respiration, 1’ à 1’ et 30’’, pas plus. Prāna doit être rechargé à chaque respiration dans la constitution. Agir sur prāna procure une immense énergie à celui qui le pratique. La respiration est ce qui nous apporte Prᾱna. Avec la respiration, nous régénérons Prᾱna en nous pour faire nos activités. Nous devons renforcer, fortifier Prᾱna. On ne sait pas exactement comment le sang transporte le Prāna avec les nutriments et l’oxygène. Mais, si le Prāna n’est pas renouvelé, les cellules vont avoir un problème. Il va y avoir nécrose, maladie qui va se propager au reste de l’organisme.
Le fait que le souffle soit lié à la vie et à l’énergie qui nous anime devrait nous amener à réfléchir à la manière dont nous respirons au quotidien. Mieux respirer nous amène à être en meilleure santé à tous les niveaux. Selon le yoga et l’Ayurveda, une bonne respiration est une respiration qui circule librement dans tout le corps : si le Prāṇa peut s’écouler librement, toutes les parties du corps sont en parfaite santé. Si Prāṇa ne peut pas s’écouler correctement vers un point, ce point est atteint. La maladie se développe et atteint d’autres points. La pleine santé dans tout l’organisme signifie un flot ininterrompu de prāna jusqu’à l’élément microscopique de notre constitution.
Pour une santé à tous les niveaux de notre être, il est important de bien respirer, afin de faire circuler Prāṇa partout, dans la moindre de nos cellules. Une bonne respiration confère à la vie une qualité supérieure.