Que veut dire svādhyāya ?
Sva veut dire « soi » ou « sien propre ». Adhyaya veut dire « l’étude », « l’investigation ». Adhyaya signifie aussi « s’approcher ». Svādhyāya veut donc dire « s’approcher de soi-même », s’étudier. Dans cette étude de soi, on encourage à lire les textes anciens car nos réactions à la lecture vont révéler quelque chose sur nous-mêmes.
Svādhyāya, c’est donc l’étude de soi : depuis la peau jusqu’au cœur le plus intime de l’être. C’est se comprendre depuis l’enveloppe extérieure, le corps, jusqu’à son être intérieur. Svādhyāya, c’est une attitude de chaque instant, une manière de se connecter consciemment à soi. J’observe ce que je fais, ce que je dis. J’observe mon corps et mon souffle quand je pratique des postures. J’observe ma respiration quand je pratique des techniques respiratoires.
Que veut dire observer, étudier ?
Tout est là. Dans la manière d’observer, d’étudier. Il s’agit de regarder, d’être attentif. C’est-à-dire, de voir ce qui EST, tout simplement. Sans comparer, juger, attendre. Souvent nous nous observons via le prisme de nos projections. Par exemple, quand on s’observe en train de pratiquer une posture, la plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, on observe la posture par rapport à quelque chose : la posture telle qu’on la prise la semaine précédente, la posture telle qu’on aimerait la prendre. Et l’observation n’est plus une observation mais une observation en comparaison de… Autre exemple : on vit très souvent, pour ne pas dire tout le temps, dans l’attente d’être autre chose. On voudrait être meilleur. Avoir moins de colère, être plus calme, être une meilleure mère, un meilleur père etc. Et l’observation de l’actions se fait via ce prisme de nos attentes, de nos désirs d’être autrement. Svādhyāya, c’est une observation qui permet de se connaître tel qu’on est, de plus en plus profondément. Et cette connaissance ne peut se faire qu’en voyant ce qui est. En prêtant attention à ce qui est. En accueillant ce qui est. Comme le disait Desikachar : « Le problème, c’est que, la plupart du temps, nous partons, non pas de ce que nous sommes, mais de ce que nous voudrions être ».
Quels sont les résultats de svādhyāya ?
Cette observation juste, sans jugement va amener une meilleure connaissance de notre fonctionnement. De ce fait, nos actes seront posés avec plus de conscience. Nos choix seront plus éclairés, adaptés à ce que nous sommes vraiment en profondeur. Non pas à ce que nous pensons être, voudrions être, espérions être. Krishnamacarya disait : « il faut passer par svādhyāya. Vos lendemains reposent sur votre svādhyāya d’aujourd’hui ». Cette étude de nous va aussi permettre quelque chose que Patanjali nous expose dans le yoga sûtra II 44 : svādhyāya va dévoiler un chemin de lumière personnel, l’idéal philosophique ou religieux auquel nous aspirons au plus profond de nous-même. Ce chemin, c’est istadevatā, le divin en nous. Notre Soi profond. Notre divinité personnelle. Un commentateur des yoga sûtra (Jean Bouchart d’Orval) nous dit que ce qui nous rapproche le plus du divin, ce n’est pas la prétention d’être non affectés quand nous sommes affectés par les évènements, c’est de voir ce qui est. Le plus important, c’est la libération amenée par le regard honnête.